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discussion. Mais il reste à faire le même travail sur les affirmations qui n’ont pas pris de forme écrite. On doit comparer les affirmations sur le même fait pour chercher si elles proviennent d’observateurs différents ou du moins d’observations différentes.

Le principe est analogue à celui de la critique de sources. Les détails d’un fait social sont si multiples et il y a tant de façons différentes de voir le même fait que deux observateurs indépendants n’ont aucune chance de se rencontrer sur tous les points ; quand deux affirmations présentent les mêmes détails dans le même ordre c’est qu’elles dérivent d’une observation commune ; les observations différentes divergent toujours sur quelques points. Souvent on peut tirer parti d’un principe a priori : si le fait était de nature à n’avoir pu être observé ou rapporté que par un seul observateur, c’est que toutes les sources dérivent de cette observation unique. Ces principes[1] permettent de reconnaître beaucoup de cas d’observations différentes et plus encore de cas d’observations reproduites.

Il reste des cas douteux en grand nombre. La tendance naturelle est de les compter comme indépendants. C’est l’inverse qui serait scientifiquement correct : tant que l’indépendance des affirmations n’est pas prouvée, on n’a pas le droit d’admettre que leur concordance soit concluante.

C’est seulement après avoir établi le rapport entre les affirmations qu’on peut compter les affirmations vraiment différentes et examiner si elles concordent. Ici encore il faut se défier du premier mouvement : la

  1. Il n’est guère possible d’étudier ici les difficultés spéciales d’application : quand l’auteur, cherchant à dissimuler son emprunt, a introduit des différences pour dérouter le public ; quand l’auteur a combiné des détails provenant de deux observations.