Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/197

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concordance vraiment concluante n’est pas, comme on l’imaginerait naturellement, une ressemblance complète entre deux récits, c’est un croisement entre deux récits différents qui ne se ressemblent qu’en quelques points. La tendance naturelle est de regarder la concordance comme une confirmation d’autant plus probante qu’elle est plus complète ; il faut au contraire adopter la règle paradoxale que la concordance prouve davantage quand elle est limitée à un petit nombre de points. Ce sont les points de concordance de ces affirmations divergentes qui constituent les faits historiques scientifiquement établis.

2o  Avant de conclure il reste à s’assurer si les observations différentes du même fait sont pleinement indépendantes ; car elles peuvent avoir agi l’une sur l’autre au point que la première ait déterminé les suivantes, et alors leur concordance ne serait plus concluante. Il faut prendre garde aux cas suivants :

1er  cas. Les observations différentes ont été faites par le même auteur, qui les a consignées, soit dans un même document, soit dans des documents différents ; il faut alors des raisons spéciales pour admettre que l’auteur a vraiment refait les observations et ne s’est pas borné à répéter une observation unique.

2e  cas. Il y a eu plusieurs observateurs, mais ils ont chargé l’un d’eux de rédiger un document unique : c’est le cas des procès-verbaux d’assemblées ; il faut s’assurer si le document représente seulement l’affirmation du rédacteur ou si les autres observateurs ont contrôlé sa rédaction.

3e  cas. Plusieurs observateurs ont rédigé leur observation dans des documents différents, mais dans des conditions semblables ; il faut appliquer le questionnaire critique pour chercher si tous n’ont pas subi les