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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/253

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tatives et quantitatives. Elle doit chercher les liens entre les faits qui forment la conclusion dernière de toute science.

II. Les faits humains, complexes et variés, ne peuvent être ramenés à quelques formules simples comme les faits chimiques. L’histoire, comme toutes les sciences de la vie, a besoin de formules descriptives pour exprimer le caractère des différents phénomènes.

La formule doit être courte pour être maniable ; elle doit être précise pour donner une idée exacte du fait. Or la précision de la connaissance en matière humaine ne s’obtient que par les détails caractéristiques, car seuls ils font comprendre en quoi un fait a différé des autres et ce qu’il a eu en propre. Il y a ainsi opposition entre le besoin d’abréger, qui mène à chercher des formules concrètes, et la nécessité de rester précis, qui oblige à prendre des formules détaillées. Des formules trop courtes rendent la science vague et illusoire, des formules trop longues l’encombrent et la rendent inutile. On n’évite cette alternative que par un compromis continuel, dont le principe est de resserrer les faits en supprimant tout ce qui n’est pas strictement nécessaire pour se les représenter et de s’arrêter au point où on leur enlèverait quelque trait caractéristique.

Cette opération, difficile en elle-même, est compliquée encore par l’état où l’on trouve les faits qu’il s’agit de condenser en formules. Suivant la nature des documents d’où ils sortent, ils arrivent à tous les degrés différents de précision : depuis le récit détaillé des moindres épisodes (bataille de Waterloo) jusqu’à la mention en un mot (victoire des Austrasiens à Testry). Nous possédons sur des faits de même nature une quantité de détails infiniment variable suivant que les documents nous donnent une description complète