Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/254

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ou une mention. Comment organiser en un même ensemble des connaissances d’une précision si différente ? — Les faits connus seulement par un mot général et vague, on ne peut les amener à un degré moins général et plus précis ; comme on ignore les détails, si on les ajoute par conjecture, on fera du roman historique. C’est ainsi qu’Augustin Thierry a procédé dans les Récits mérovingiens. — Les faits connus en détail, il est toujours facile de les réduire à un degré plus général en mutilant les détails caractéristiques ; c’est ce que font les auteurs d’abrégés. Mais le résultat serait de réduire toute l’histoire à une masse de généralités vagues, uniformes pour tous les temps, sauf les noms propres et les dates. Ce serait une symétrie dangereuse, pour ramener tous les faits au même degré de généralité, de les réduire tous à l’état de ceux qui sont le plus mal connus. — Il faut donc, dans les cas où les documents donnent des détails, que les formules descriptives conservent toujours les traits caractéristiques des faits.

Pour construire ces formules on devra revenir au questionnaire de groupement, répondre à chacune des questions, puis rapprocher les réponses. On les résumera alors en une formule aussi dense et aussi précise que possible, en prenant garde de maintenir à chaque mot un sens fixe. Travail de style, dira-t-on, et pourtant ce n’est pas ici seulement un procédé d’exposition, nécessaire pour se faire comprendre des lecteurs, c’est une précaution que l’auteur doit prendre avec lui-même. Pour atteindre des faits aussi fuyants que les faits sociaux, une langue ferme et précise est un instrument indispensable ; il n’y a pas d’historien complet sans une bonne langue.

On se trouvera bien d’employer le plus possible des