Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/255

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termes concrets et descriptifs : leur sens est toujours clair. Il sera prudent de ne désigner les groupes collectifs que par des noms collectifs, non par des substantifs abstraits (royauté, État, démocratie, Réforme, Révolution) et d’éviter de personnifier des abstractions. On croit ne faire qu’une métaphore et on est entraîné par la force des mots. Les termes abstraits ont assurément une grande force de séduction, ils donnent à une proposition un aspect scientifique. Mais ce n’est qu’une apparence sous laquelle a vite fait de se glisser la scolastique, le mot, n’ayant pas de sens concret, devient une notion purement verbale (comme la vertu dormitive dont parle Molière). Tant que les notions sur les phénomènes sociaux n’auront pas été réduites à des formules véritablement scientifiques, il sera plus scientifique de les exprimer en termes d’expérience vulgaire.

Pour construire la formule on devra savoir d’avance quels éléments doivent y entrer. Il faut ici distinguer les faits généraux (habitudes et évolutions) et les faits uniques (événements).

III. Les faits généraux consistent dans des actes souvent répétés communs à beaucoup d’hommes. Il faut en déterminer le caractère, l’étendue, la durée.

Pour formuler le caractère, on réunit tous les traits qui constituent le fait (habitude, institution) et le distinguent de tout autre. On rassemble sous la même formule tous les cas individuels très semblables, en négligeant les variations individuelles.

Cette concentration se fait sans effort pour les habitudes de forme (langue, écriture) et pour toutes les habitudes intellectuelles ; les hommes qui les pratiquaient les ont déjà exprimées par des formules qu’il suffit de recueillir. Il en est de même pour toutes les institu-