Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/262

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tique[1], s’applique à tous les faits qui ont en commun un caractère défini dont on se sert pour les compter. Les faits ainsi réunis sous un même chiffre ne sont pas de même espèce, ils peuvent n’avoir de commun qu’un seul caractère, abstrait (crime, procès), ou conventionnel (ouvrier, appartement) ; le chiffre indique seulement sur combien de cas s’est rencontré un caractère : il ne désigne pas un total homogène. — C’est une tendance naturelle de confondre le chiffre et la mesure et de s’imaginer qu’on connaît les faits avec une précision scientifique parce qu’on a pu leur appliquer un chiffre ; il faut se défendre de cette illusion, ne pas prendre le chiffre de dénombrement d’une population ou d’une armée pour la mesure de son importance[2]. — Le dénombrement donne pourtant une indication nécessaire pour construire la formule d’un groupe. Mais il est restreint aux cas où l’on peut connaître toutes les unités d’une espèce dans les limites données, car il doit se faire en pointant, puis en additionnant. Avant d’entreprendre un dénombrement rétrospectif, on devra donc s’assurer que les documents sont assez complets pour montrer toutes les unités à dénombrer. Quant aux chiffres donnés par les documents, on devra les tenir en défiance.

3o L’évaluation est un dénombrement incomplet fait dans une portion restreinte du champ, en supposant que les proportions seront les mêmes dans le reste du champ. C’est un expédient qui s’impose souvent en histoire, quand les documents sont inégalement abondants.

  1. Sur la statistique, qui est une méthode aujourd’hui constituée, on trouvera un bon résumé avec une bibliographie dans le Handwörterbuch der Staatswissenschaften, Iena, 1890-94, gr. in-8.
  2. Comme Bourdeau (L’Histoire et les Historiens, Paris, 1888, in-8), qui propose de réduire toute l’histoire à une série de statistiques.