naissait pas des documents par lesquels ceux qu’il avait sous la main, et dont il s’est contenté, auraient été éclaircis, complétés ou ruinés. Toutes choses égales d’ailleurs entre eux, la supériorité des érudits et des historiens modernes sur les érudits et les historiens des derniers siècles consiste en ce que ceux-ci ont eu moins de moyens d’être bien informés que n’en ont ceux-là[1]. L’Heuristique, en effet, est aujourd’hui plus facile qu’autrefois, quoique le bon Wagner soit encore fondé à dire :
Essayons d’expliquer pourquoi la récolte des documents, naguère si laborieuse, est encore, quels qu’aient été, depuis un siècle, les progrès accomplis, très pénible ; et comment cette opération essentielle pourrait, grâce à de nouveaux progrès, être ultérieurement simplifiée.
I. Ceux qui, les premiers, ont essayé d’écrire l’histoire d’après les sources, se sont trouvés dans une situation embarrassante. — S’agissait-il de raconter des événements relativement récents, dont tous les témoins n’étaient pas morts ? On avait la ressource d’interviewer les témoins survivants. Thucydide, Froissart, et bien d’autres, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, ont procédé de la sorte. Lorsque l’historien
- ↑ C’est pitié de voir comment les meilleurs des anciens érudits ont vaillamment, mais vainement, lutté, pour résoudre des difficultés qui n’auraient pas même existé pour eux s’ils avaient eu sous les yeux des dossiers moins incomplets. Mais la plus brillante sagacité ne pouvait pas suppléer aux secours matériels qui leur ont manqué.
- ↑ Faust, I, sc. 3.