Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/275

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différentes activités sociales et expliquait leur solidarité[1]. Ce n’était qu’une hypothèse suggérée par le monde animal où chaque espèce a des caractères permanents. Elle eût été insuffisante, car, pour expliquer comment une même société a changé de caractère d’une époque à l’autre (les Grecs entre le viie et le ive siècle, les Anglais entre le xve et le xixe), il eût fallu faire intervenir l’action des causes extérieures. Et elle est caduque, puisque toutes les sociétés historiques sont des groupes d’hommes sans unité anthropologique et sans caractères communs héréditaires.

À côté de ces explications métaphysiques ou métaphoriques, se sont produites des tentatives pour appliquer à la recherche des causes en histoire le procédé classique des sciences naturelles : comparer des séries parallèles de faits successifs pour voir ceux qui se retrouvent toujours ensemble. La « méthode comparative » a été essayée sous plusieurs formes. — On a pris pour objet d’étude un détail de la vie sociale (un usage, une institution, une croyance, une règle), défini abstraitement ; on en a comparé les évolutions dans différentes sociétés, de façon à déterminer l’évolution commune qu’on devrait rapporter à une même cause générale. Ainsi se sont fondés la linguistique, la mythologie, le droit comparés. — On a proposé (en Angleterre) de préciser la comparaison en appliquant la méthode « statistique » ; il s’agirait de comparer systématiquement toutes les sociétés connues et de dresser

  1. Lamprecht, dans l’article cité p. 213, après avoir rapproché les évolutions artistique, religieuse, économique de l’Allemagne au moyen âge et constaté qu’on peut les diviser toutes en périodes de même durée, explique les transformations simultanées des différents usages et institutions d’une même société par les transformations de « l’âme sociale » collective. Ce n’est qu’une autre forme de la même hypothèse.