Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/277

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auteurs de documents qui ont observé les faits, soit par analogie avec les causes actuelles que chacun de nous a observées. Toute l’histoire des événements est un enchaînement évident et incontesté d’accidents, dont chacun est cause déterminante d’un autre. Le coup de lance de Montgomery est cause de la mort de Henri II, et cette mort est cause de l’avènement des Guises au pouvoir, qui est cause du soulèvement du parti protestant.

L’observation des causes par les auteurs de documents reste limitée à l’enchaînement des faits accidentels observés par eux ; — ce sont à vrai dire les causes les plus sûrement connues. Aussi l’histoire, au rebours des autres sciences, atteint-elle mieux les causes des accidents particuliers que celles des transformations générales, car elle trouve le travail déjà fait dans les documents.

Pour rechercher les causes des faits généraux, la construction historique est réduite à l’analogie entre le passé et le présent. Si elle a chance de trouver les causes qui expliquent l’évolution des sociétés passés, ce sera par l’observation directe des transformations des sociétés actuelles.

Cette étude n’est pas constituée encore, on ne peut ici qu’en indiquer les principes :

1o  Pour atteindre les causes de la solidarité entre les habitudes différentes d’une même société, il faut dépasser la forme abstraite et conventionnelle que les faits prennent dans la langue des documents (dogme, règle, rite, institution), et remonter jusqu’aux centres réels concrets, qui sont toujours des hommes pensants ou agissants. Là seulement sont réunies les diverses espèces d’activité que la langue sépare par abstraction. Leur solidarité doit donc être cherchée dans quelque