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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/278

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trait dominant de la nature ou de la condition de ces hommes qui s’impose à toutes les manifestations différentes de leur activité. — On devra s’attendre à ce que la solidarité ne soit pas également étroite entre toutes les espèces d’activité : elle sera plus forte dans celles où chaque individu dépend étroitement des actes de la masse (vie économique, sociale, politique), plus faible dans les activités intellectuelles (arts, sciences) où l’initiative des individus s’exerce plus librement[1]. — Les documents mentionnent la plupart des habitudes (croyances, coutumes, institutions) en bloc sans distinguer les individus ; et pourtant, dans une même société, les habitudes diffèrent beaucoup d’un homme à l’autre. Il faudra distinguer ces différences, sous peine d’expliquer les actes des artistes et des savants par les croyances et les habitudes de leur prince ou de leurs fournisseurs.

2o Pour atteindre les causes de l’évolution, il faudra remonter aux seuls êtres qui puissent évoluer, les hommes. Toute évolution a pour cause un changement dans les conditions matérielles ou les habitudes de certains hommes. L’observation nous montre deux sortes de changement. — Ou les hommes restent les mêmes, mais changent leur façon d’agir ou de penser, soit volontairement par imitation, soit par contrainte. — Ou les hommes qui pratiquaient l’ancien usage sont disparus et ont été remplacés par d’autres hommes qui ne le pratiquent plus, soit des étrangers, soit les descendants des hommes anciens, mais élevés autrement. Ce renouvellement des générations paraît être, de nos jours, la cause la plus active de l’évolution. On est enclin

  1. Les historiens de la littérature qui, du premier coup, ont cherché le lien entre les arts et le reste de la vie sociale ont ainsi posé la première la question la plus difficile.