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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/29

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dans d’innombrables dépôts d’archives, presque tous inaccessibles, sans parler de ceux que le sol recélait encore et dont personne ne soupçonnait l’existence. Il était alors matériellement impossible de se procurer la liste de tous les documents utiles pour élucider une question (par exemple, la liste de tous les manuscrits conservés d’un ouvrage ancien) ; impossible encore, si, par miracle, on avait eu pareille liste, de consulter tous ces documents sans des voyages, des dépenses et des démarches interminables. D’où des conséquences, faciles à prévoir, qui se sont, en effet, produites : 1o l’Heuristique offrant pour eux des difficultés insurmontables, les premiers érudits et les premiers historiens, qui se sont servis, non de tous les documents, ni des meilleurs documents, mais des documents qu’ils avaient à leur portée, ont été presque toujours mal renseignés, et leurs œuvres ne sont plus intéressantes que dans la mesure où ils ont utilisé des documents aujourd’hui perdus ; 2o les premiers érudits et les premiers historiens qui aient été relativement bien renseignés sont ceux qui, à cause de leur profession, avaient accès dans de riches dépôts de documents : bibliothécaires, archivistes, religieux, magistrats, dont l’Ordre ou la Compagnie possédait des bibliothèques ou des archives considérables[1].

  1. Les anciens érudits avaient le sentiment de ce que les conditions où ils travaillaient avaient de défavorable. Ils souffraient très vivement de l’insuffisance des instruments de recherche et des moyens de comparaison. La plupart d’entre eux ont fait de grands efforts pour se renseigner. De là, ces volumineuses correspondances entre érudits des derniers siècles, dont nos bibliothèques conservent tant de précieuses épaves, et ces relations d’enquêtes scientifiques, de voyages à la découverte des documents historiques, qui, sous le nom d’Iter (Iter italicum, Iter germanicum, etc.), étaient jadis à la mode.