Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/290

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tout étalage d’érudition, dont l’économie aurait pu être réalisée sans inconvénients, est odieux[1]. — Les monographies les mieux faites n’aboutissent souvent, en histoire, qu’à la constatation de l’impossibilité de savoir. Il faut résister au désir de couronner, comme il arrive, par des conclusions subjectives, ambitieuses et vagues, une monographie impropre à les porter[2]. La conclusion régulière d’une bonne monographie, c’est le bilan des résultats acquis par elle et de ce qui reste obscur. Une monographie ainsi conduite peut vieillir, mais elle ne pourrit pas, et l’auteur n’a jamais lieu d’en rougir.

2o « Les travaux d’un caractère général s’adressent soit aux hommes du métier, soit au public.

A. Les ouvrages généraux destinés surtout aux hommes du métier se présentent maintenant sous la forme de « répertoires », de « manuels » et d’« histoires scientifiques ». — Dans un répertoire, on réunit une masse de faits vérifiés d’un certain genre suivant un ordre destiné à rendre facile de les trouver. S’il s’agit de faits datés avec précision, l’ordre chronologique est indiqué : c’est ainsi que la tâche a été entreprise de composer des « Annales » de l’histoire d’Allemagne où la mention très brève des événements, rangés

  1. Presque tous les débutants ont une tendance fâcheuse à s’échapper en digressions superflues, à accumuler des réflexions et des renseignements qui n’ont aucun rapport avec le sujet principal ; ils se rendront compte, s’ils réfléchissent, que les causes de ce penchant sont le mauvais goût, une espèce de vanité naïve, parfois le désordre d’esprit.
  2. On entend dire : « J’ai longtemps vécu avec les documents de ce temps et de cette espèce. J’ai l’impression que telles conclusions, que je ne puis démontrer, sont exactes. » De deux choses l’une : ou l’auteur peut indiquer les motifs de son impression, et on les appréciera ; ou il ne peut pas les indiquer, et on doit présumer qu’il n’en a pas de sérieux.