si l’on ne le comprend pas ? Les inscriptions rédigées en étrusque et dans la langue archaïque du Cambodge sont lues, mais personne ne les comprend ; tant qu’elles ne seront pas comprises, elles resteront inutiles. Il est évident que pour s’occuper d’histoire grecque, il faut consulter des documents rédigés en langue grecque, et, par conséquent, savoir le grec. Vérité de La Palice, dira-t-on. Observez cependant que l’on agit très souvent comme si l’on n’en avait pas conscience. Des jeunes gens abordent les études d’histoire ancienne en n’ayant de la langue grecque et de la langue latine qu’une teinture superficielle. Combien de gens, sans avoir étudié le français et le latin du moyen âge, s’imaginent les savoir parce qu’ils entendent le latin classique et le français moderne, et se permettent d’interpréter des textes dont le sens littéral leur échappe, ou, quoique très clair, leur paraît obscur ? Les erreurs historiques sont innombrables dont la cause est un contresens ou une interprétation par à peu près de textes formels, commis par des travailleurs qui connaissaient mal la grammaire, le vocabulaire ou les finesses des langues anciennes. De solides études philologiques doivent précéder logiquement les recherches historiques, toutes les fois que les documents à mettre en œuvre ne sont pas rédigés en langue moderne, et intelligibles sans difficulté.
Soit un document intelligible. Il serait illégitime de le prendre en considération avant d’en avoir vérifié l’authenticité, si l’authenticité n’en a pas été déjà établie d’une manière définitive. Or, pour vérifier l’authenticité et la provenance d’un document, deux conditions sont requises : raisonner et savoir. Autrement dit, on raisonne à partir de certaines données positives, qui représentent les résultats condensés des