« variantes de tradition », de confusions fréquentes, de corrections probables, ont été dressés[1]. Ils ne suppléent certes pas à des exercices pratiques, faits sous la direction des hommes du métier[2], mais ils rendent de grands services aux hommes du métier eux-mêmes.
Il serait facile d’énumérer des exemples de restitutions heureuses. Les plus satisfaisantes sont celles qui ont un caractère d’évidence paléographique, comme la correction classique de Madvig au texte des Lettres de Sénèque (89, 4). On lisait : « Philosophia unde dicta sit, apparet; ipso enim nomine fatetur. Quidam et sapientiam ita quidam finierunt, ut dicerent divinorum et humanorum sapientiam… » ; ce qui n’a pas de sens. On supposait une lacune entre ita et quidam. Madvig s’est représenté le texte en capitales de l’archétype disparu, où, suivant l’usage antérieur au viiie siècle, les mots n’étaient pas séparés (scriptio continua) et les phrases n’étaient pas ponctuées ; il s’est demandé si le copiste, qui eut d’abord sous les yeux l’archétype en capitales, n’avait pas coupé les mots au hasard, et il a lu sans difficulté : « .. ipso enim nomine fatetur
- ↑ Ces collections sont arrangées suivant l’ordre méthodique ou suivant l’ordre alphabétique. — Les principales sont, pour les deux langues classiques, outre l’ouvrage précité de Blass (ci-dessus, p. 54, n. 1), les Adversaria critica de Madvig (Copenhague, 1871-74, 3 vol. in-8). Pour le grec, la célèbre Commentatio palæographica de Fr. J. Bast, publiée en appendice à l’édition du grammairien Grégoire de Corinthe (Leipzig, 1811, in-8), et les Variæ lectiones de Cobet (Leyde, 1873, in-8). Pour le latin : H. Hagen, Gradus ad criticen (Leipzig, 1879, in-8), et W. M. Lindsay, An introduction to latin textual emendation based on the text of Plautus (London, 1896, in-16). Un rédacteur du Bulletin de la Société des humanistes français a exprimé, dans cette publication, le vœu qu’un recueil analogue soit composé pour le français moderne.
- ↑ Cf. Revue critique, 1895, II, p. 358.