Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/83

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quid amet. Sapientiam ita quidam finierunt…, etc. » MM. Blass, Reinach, Lindsay, dans leurs opuscules signalés en note, mentionnent plusieurs tours de force du même genre, d’une parfaite élégance. Les hellénistes et les latinistes n’en ont plus, du reste, le monopole : on en citerait d’aussi « brillants » qui ont été exécutés par des orientalistes, par des romanistes et par des germanistes, depuis que les textes orientaux, romans et germaniques sont soumis à la critique verbale. Nous avons déjà dit que de « belles » corrections sont possibles même sur le texte de documents tout à fait modernes, typographiquement reproduits dans les meilleures conditions.

Personne peut-être n’a excellé, de nos jours, au même degré que Madvig, dans l’art de l’emendatio conjecturale. Madvig, cependant, n’avait pas une haute opinion des travaux de la philologie moderne. Il pensait que les humanistes du xvie et du xviie siècle étaient, à cet égard, mieux préparés que les érudits d’aujourd’hui. L’emendatio conjecturale des textes latins et grecs, en effet, est un sport où l’on réussit d’autant mieux que l’on a, avec un esprit plus ingénieux et plus d’imagination paléographique, un sens plus juste, plus prompt et plus délicat des finesses des langues classiques. Or les anciens érudits ont été assurément trop hardis, mais les langues classiques leur étaient plus intimement familières qu’aux érudits d’aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, de nombreux textes conservés, sous une forme corrompue, dans des copies uniques ont résisté, et résisteront toujours sans doute, à l’effort de la critique. Très souvent, la critique constate l’altération du texte, indique ce que le sens réclame, et, si elle est prudente, est obligée de s’en tenir là, les traces de la leçon primitive ayant été effacées par une