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CHAPITRE III

CRITIQUE DE PROVENANCE

Il serait absurde de chercher des renseignements sur un fait dans les papiers de quelqu’un qui n’en a rien su, ni rien pu savoir. Il faut donc se demander tout d’abord, quand on est en présence d’un document : « D’où vient-il ? quel en est l’auteur ? quelle en est la date ? » — Un document dont l’auteur, la date, le lieu d’origine, la provenance, en un mot, sont totalement inconnaissables, n’est bon à rien.

Cette vérité, qui paraît élémentaire, n’a été pleinement reconnue que de nos jours. Telle est l’ἀϰρισία naturelle des hommes que ceux qui, les premiers, ont pris l’habitude de s’informer de la provenance des documents avant de s’en servir, en ont conçu (et ont eu le droit d’en concevoir) de la fierté.

La plupart des documents modernes portent une indication précise de leur provenance : de nos jours, les livres, les articles de journal, les pièces officielles et même les écrits privés sont, en général, datés et signés. Beaucoup de documents anciens sont, au contraire, mal localisés, anonymes et sans date.