Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/116

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filer, entre une double haie formée par la garde nationale, ce cortège bizarre. En tête Charette, sur son cheval de bataille, ayant à sa droite le général Canclaux. Les généraux républicains, en grande tenue, portent le panache, la cocarde et l’écharpe tricolores ; Charette est en uniforme bleu, avec le panache blanc, la cocarde blanche et l’écharpe blanche aux fleurs de lys d’or[1]. Derrière les généraux, quatre officiers vendéens avec quatre officiers de Canclaux ; puis les états-majors des deux armées du Bas-Poitou et du Centre, confondus avec l’état-major républicain. Ensuite la cavalerie vendéenne et les guides de Charette, en ordre de bataille, étendard blanc déployé ; ensuite encore une musique militaire, précédant deux voitures surmontées du bonnet de la Liberté et occupées par les représentants négociateurs, et enfin la cavalerie républicaine.

On croit rêver quand on lit de tels récits.

La première impression des spectateurs fut, du reste, une impression d’étonnement. Il y eut un instant de silence, d’hésitation ; on ne comprenait pas. Mais bientôt des applaudissements éclatent, des acclamations retentissent ; les cris de : Vive Charette ! se font entendre de toutes parts. Des cris de : Vive le Roi ! viennent s’y mêler.

  1. Ruelle, dans la séance du 24 ventôse, a dit à la tribune de la Convention, que les chefs vendéens étaient entrés à Nantes, « décorés de la cocarde et du panache tricolores ». C’était un mensonge destiné à calmer les fureurs jacobines. Le Nantais Mellinet constate que « la portion républicaine exaltée n’accueillit le chef des catholiques qu’avec des murmures, surtout à la vue de son panache blanc ». (La Comm. et la Milice de Nantes, t. 9, p. 221.)