Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/121

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«  Quelques-unes restèrent secrètes, — dit Beauchamp. — Les autres ne furent publiées qu’un mois après la signature et encore avec des réticences propres à en pallier la honte. L’ardent républicain ne voyait dans cette pacification, qu’une lâche transaction qui menait à la royauté[1]. Les délégués pacificateurs et particulièrement Ruelle se virent signalés comme les plénipotentiaires de Charette. Ils parurent dans la salle de la Convention avec des discours préparés. Nous avons examiné, dit Delaunay, ce qu’il était de la sagesse et de la prudence d’accorder pour la conciliation des esprits et le maintien de la pacification, mais il glissa légèrement sur les articles stipulés. »

Dans cette même séance, Ruelle, qui était le plus attaqué, comme ayant pris la part principale aux

  1. Les rapports de police constatent que cette opinion se répandait dans le public. — « Le public disait hautement : Nous allons avoir un Roi ; nous serons plus heureux… » (9 mars 95). — « Une citoyenne a dit dans un bal, rue de Bellefonds, au Trône d’or, qu’on lui avait dit qu’il avait été trouvé une affiche près de la Convention, où il était dit qu’elle était grosse et qu’elle accoucherait d’un roi dans trois mois » (12 mars 95). — « Au marché des juments, des femmes disaient qu’il fallait aller en masse à la Convention demander un roi pour avoir du pain… ; à neuf heures du soir, près le pont Notre-Dame, il y avait un groupe de deux cents personnes qui tenaient le même langage… » (25 avril 95). — « Le bruit se répand dans Paris que, le 25 courant, un gouvernement nouveau doit être annoncé au peuple par la Convention, avec la proclamation d’un Roi… ; dans les cafés de la Régence et vers le Pont-Neuf, des citoyens sont venus déclarer que, dans plusieurs quartiers de Paris, ils avaient entendu dire qu’il y aurait un grand coup le 25 courant… » (14 prairial — 3 juin).
    Il est très remarquable que ces rumeurs ne concordent pas seulement pour l’annonce de l’événement prévu d’après les clauses secrètes, mais pour la précision de la date fixée par ces clauses secrètes.