Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/150

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vie, car, de cent vingt-cinq chefs venus au rendez-vous pour traiter, vingt-deux seulement, l’intrigant Cormatin en tête, consentirent à signer le traité.

Les conférences de La Mabilais se terminèrent ainsi, le 20 avril (Ier floréal), d’une façon plus étrange encore que celles de La Jaunaye.

Du côté des républicains, on s’est passé de la signature de celui qui a reçu des pouvoirs spéciaux, de Hoche ; et cela, pour obtenir, du côté des royalistes, la signature d’un petit nombre d’officiers subalternes, sans prestige et sans autorité.

Frotté, qui commande en Normandie, ne signe pas ; Puisaye, qui commande en Bretagne, ne signe pas, ni personne pour lui, puisqu’il était avéré que les pouvoirs précédemment exhibés par Cormatin étaient faux ; ses chefs de division, Cadoudal, Lantivy, Jean-Jean, Tinténiac, ne signent pas.

Ainsi que l’écrivait Hoche, peu de temps après, « La République n’avait traité qu’avec des individus du parti et non des chefs[1] ».

Cet échec, — car c’en était un caractérisé, — n’en fut pas moins célébré comme un succès, par un de ces coups de bluff dans lesquels excellait la Convention.

On fit faire à Cormatin, enivré de jouer un rôle, une entrée à Rennes, qui ne fut qu’une parodie assez piteuse de celle de Charette à Nantes.

Et, le jour même, les représentants délégués écrivaient au Comité de salut public :

  1. Lettre aux représentants, du 17 floréal : « … À la conduite que tiennent les Chouans, nous ne devons pas compter sur leurs promesses de paix. Partout ils organisent la guerre, partout ils manquent de parole, ou plutôt ils prouvent que vous n’avez traité qu’avec des individus du parti et non des chefs. »