Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/163

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gentiment que ce serait chose bonne si on pouvait le faire fusiller[1]. Il n’espérait pas persuader au comte d’Artois que Puisaye travaillait pour le duc d’York ; il lui suggérait un prétexte à mettre en avant pour motiver et expliquer le retrait de sa confiance. Il n’espérait pas persuader aux Comités de Bretagne que Puisaye voulait conquérir la couronne pour le comte d’Artois ; il leur indiquait le thème à exploiter contre lui auprès des loyales populations de l’Ouest.

Tous ces avis, sous leurs formes diverses, avaient pour but unique d’avertir les initiés que les circonstances rendaient urgent de ruiner l’influence de Puisaye et d’entraver par tous les moyens, son action, parce qu’il était à craindre qu’il ne travaillât pour un autre roi que Louis XVIII.

Ils arrivèrent trop tard pour empêcher le départ de l’expédition ; elle était en mer.

Ce fut pendant la traversée que la nouvelle de la mort annoncée à la Convention fut apportée à l’armée expéditionnaire. Elle y fut accueillie sans aucun doute avec la même incrédulité qu’elle avait rencontrée partout et qui est constatée par un témoin non suspect. Villeneuve-Laroche-Barnaud, qui fit partie de la seconde division, sous les ordres de Sombreuil, et qui, à cette époque du 8 juin, se trouvait encore avec son régiment, en Hanovre, raconte ceci dans ses Mémoires :

  1. L’avis était bien adressé là où il pouvait plaire. Le favori du comte de Provence, M. d’Avaray, écrivait de son côté : « Le comte Joseph de Puisaye est un drôle à qui il faut casser le col. » D’Avaray à d’Antraigues, 27 août 1795. (Papiers de Puisaye, vol. LXXXV, f° 221. British Museum, cité par Pingaud, Un agent secret, p. 118.)