Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/176

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mait Puisaye et ses officiers qui, en touchant la rive, s’agenouillaient pour baiser la terre natale. On se prosternait devant l’évêque de Dol, vicaire apostolique pour toute la Bretagne, qui s’avançait avec un cortège de cinquante aumôniers en vêtements sacerdotaux. L’enthousiasme fut indescriptible.

Une messe solennelle fut célébrée sur la plage. L’évêque de Dol bénit les drapeaux aux cris mille fois répétés de : Vive le Roi !

Ce fait a été omis ou dénaturé dans la plupart des relations, peut-être par cette raison même qu’il jette un jour singulier sur les dessous mystérieux de ces événements.

Voici comment Puisaye le raconte :


« À l’heure indiquée pour la cérémonie, l’évêque de Dol fut aussi surpris que moi de n’y voir arriver que les corps de Chouans, la compagnie de vétérans et la musique du régiment de La Châtre.

» Nous attendîmes longtemps ; enfin on vint nous dire que M. d’Hervilly était à Carnac, occupé à entendre une messe particulière avec son régiment et les autres corps à la solde anglaise.

» J’étais indigné ; le saint évêque, profondément affligé, et de ce qu’il voyait et de ce qu’il était forcé de prévoir, dit une messe basse, au milieu de laquelle il prononça un excellent discours. Louis XVIII fut proclamé, mais non pas avec cet enthousiasme que j’avais attendu des dispositions que j’avais ordonnées.

» Il n’y eut que de la froideur et des murmures ; triste et fatal présage.

» M. d’Hervilly avait craint que l’éclat que je vou-