Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/178

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qu’on aura suivi attentivement les faits précédents et les faits consécutifs — Puisaye a travesti impudemment la vérité et renversé les rôles avec une audace qui bravait tout respect humain, mais qui ne redoutait la confusion d’aucun démenti public.

À l’époque où il écrivait, la royauté de Louis XVII n’était plus qu’un souvenir ; l’ombre de l’incertitude et de l’oubli s’était faite sur son sort, sur son existence même. Pour l’immense majorité des royalistes, pour les cabinets de l’Europe, pour le gouvernement républicain, quels que fussent les doutes intimes, quelles que fussent les réserves plus ou moins apparentes ou latentes, il n’y avait plus qu’un prétendant dont on eût à s’occuper, avec lequel on eût à compter : celui qui restait visible, qui se montrait vivant et agissant.

Ceux mêmes qui, résolument fidèles au principe de l’hérédité salique, s’étaient attardés pendant un temps à défendre les droits de l’orphelin maintenant disparu, ne sentaient plus leur conscience engagée à rappeler ou à rectifier les souvenirs d’une opposition évidemment dommageable à l’autorité morale du représentant actuel du droit monarchique et sentaient fortement combien il importait à leurs intérêts propres de la faire oublier.

L’évêque de Dol était mort ; d’Hervilly était mort et sa confession testamentaire supprimée ; le secret des intrigues de M. de Provence et de son agence de Paris était insoupçonné du public et personne n’aurait la maladresse de le dénoncer. Puisaye, dévoré du désir de rentrer en grâce auprès du prétendant qu’il avait combattu, pouvait donc croire avoir beau jeu à