Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/251

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prendre les causes secrètes du malentendu, étaient rebutés par les prétentions, les exigences et les vexations de d’Hervilly et de ses officiers et criaient à la trahison ; les émigrés, pris de dédain au premier aspect de ces bandes qui leur paraissaient manquer de la discipline et de l’organisation nécessaires aux armées, avaient fini par rendre justice à leur valeur, après les avoir vu combattre, mais ne pouvaient se faire à l’idée qu’on dût compter sur leur concours pour une guerre régulière, et demandaient avec instances d’être transportés en Vendée, où les attirait la réputation de Charette.

Un retour de fortune ne pouvait dépendre désormais que de l’intervention des contingents chouans et de la prompte arrivée du second corps d’armée assemblé à Portsmouth. Les dépêches trompeuses de l’agence promettaient que le rassemblement des Chouans s’effectuerait sans faute le 18, à Baud, et des avis, non moins trompeurs, du duc d’Harcourt, chargé d’affaires du comte de Provence à Londres, portaient à Puisaye cette assurance : « Attendez le comte d’Artois, voilà qu’il est en mer. » Les messages se succédaient pour l’induire en erreur. « Le 14, — dit Michelet, — on apprend qu’un secours arrive d’Angleterre. Ce n’est pas le comte d’Artois : il promettait toujours et n’était jamais prêt. Ce n’était pas ce que Puisaye avait instamment demandé, les officiers émigrés de Jersey. L’agence l’en priva, les fit envoyer vers Saint-Malo. C’étaient seulement mille hommes, un petit corps formé de débris d’anciens régiments[1]. »

  1. Hist. de la Révolution, p. 1979.