Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/257

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de parler lui-même, si on le désirait, ce qu’il eût pu parfaitement me faire dire sans me rappeler. Je lui proposai d’aller parler à Tallien, et il ne voulut pas. M. de Vauban me tint d’assez mauvais propos, me reprocha d’agir sans l’ordre de M. de Puisaye, d’après ma tête seule. La colère me prit, je descendis de cheval, en lui disant : « Le lieu est trop petit et les circonstances sont trop graves pour que deux généraux s’en veuillent. Battons-nous sur-le-champ, ou embrassons-nous. » Après un instant d’hésitation, il m’embrassa avec assez de cordialité, et il n’y a plus paru.

» Sombreuil à qui je rendis compte de ma conversation, me dit : Ils sont bien changés. »


Ce que dit Contades du désir exprimé par Puisaye d’entrer personnellement en pourparlers, ne peut être pris à la lettre, puisque, dans ce cas, Puisaye n’avait qu’à s’avancer. Il en est de même de ce que dit Vauban, qui raconte avoir de lui-même arrêté la conversation et avoir eu une altercation avec M. de Contades, pour y mettre fin, parce qu’il la trouvait impolitique et dangereuse. « Je croyais, explique-t-il, notre position déjà assez précaire, pour ne pas tenter la cupidité de l’ennemi. » Vauban n’avait pas une supériorité de grade qui lui permît de donner cet ordre à Contades autrement que de la part du général en chef.

Que le mouchoir blanc ait été arboré d’abord par Contades ou par le capitaine Lebreton, il n’en est pas moins évident que la conférence avait été cherchée des deux côtés ; sûrement même, qu’elle était le résultat d’un rendez-vous convenu à l’avance. Il est évident aussi que ni l’une ni l’autre des deux narrations ne rend un compte exact, ou du moins complet