Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/27

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Tour du Temple, séparé de sa sœur, arraché à sa mère, le petit dauphin vit encore ; nul en France n’est si digne de pitié et de respect, car, s’il y a une France, c’est grâce aux trente-cinq chefs militaires ou rois couronnés, dont il est le dernier rejeton. Sans leurs dix siècles de politique persévérante et de commandement héréditaire, les Conventionnels qui viennent de profaner leurs tombes à Saint-Denis et de jeter leurs os dans la fosse commune ne seraient pas des français. En ce moment, si les suffrages étaient libres, l’immense majorité du peuple, dix-neuf Français sur vingt, reconnaîtraient pour leur roi l’enfant innocent et précieux, l’héritier de la race à laquelle ils doivent d’être une nation et d’avoir une patrie[1]. »

C’est qu’en effet le soulèvement de la Vendée n’était que l’éruption la plus violente, la manifestation symptomatique sur le point le plus sensible, des ferments qui bouillonnaient dans le corps tout entier. La Guyenne, le Languedoc, la Provence, toutes les provinces du Centre et de l’Ouest, gardaient une attitude hostile et menaçante, prêtes à secouer le joug républicain. On avait vu « une Vendée commençant, dans les monts de la Lozère[2] ».

Les journaux du temps, les pamphlets, les dénonciations et les réquisitoires, les rapports des représentants en mission, les procès-verbaux de la Convention, ne sont remplis que de plaintes et de menaces contre l’indestructible vitalité de l’esprit contre-révolutionnaire et royaliste. Il faut sans doute tenir compte de

  1. Taine. — Le Gouvernement révolutionnaire, t. III, p. 457.
  2. Michelet. — Histoire de la Révolution française, p. 1325.