Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/29

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et dépositaire de ses papiers, a donné à cet égard, sous des réticences voulues, des indications suffisamment significatives.


« Il s’agissait, — dit-il, — de sauver les déplorables restes de la famille royale. Il y a plus, c’est notre collègue qui l’atteste : Danton, le terrible Danton, pour échapper à l’enfer dont il avait attisé les feux, songeait à se créer un refuge auprès du trône relevé. Mais on ne sait par quel fatal enchaînement de circonstances, car on ne saurait admettre la possibilité d’un froid calcul[1], le gouvernement autrichien fit saisir les deux ministres chargés de cette sainte mission et les plongea dans des cachots, rompant ainsi les premiers fils d’une négociation qui aurait pu épargner à la France d’éternels regrets. »


Il est bien certain que, vers le même temps, Robespierre, de son côté, manœuvrait avec prudence et dissimulation, suivant son habitude, mais non sans une certaine audace, pour ramener le pays dans les voies violemment abandonnées. C’est encore à Michelet

  1. C’est dans l’éloge funèbre de Semonville, prononcé à la Chambre des Pairs par le baron Mounier, que se trouvent ces lignes.
    Quand on connaît les habitudes d’extrême prudence qu’observa le baron Mounier dans toute sa carrière politique, les mots dont il se sert pour apprécier à la tribune de la Chambre-Haute, la conduite du gouvernement autrichien dans cette affaire, prennent une portée considérable et font sous-entendre des faits dangereux à révéler. — D’autre part, on a sur ces faits les dépêches du ministre de France à Venise, Noël. « Il savait que d’Antraigues avait reçu la visite de d’Avaray, venu exprès de Vérone ; il croyait saisir sa main dans les attentats perpétrés en Valteline contre Maret et Semonville. » (Un agent secret sous la Révolution et l’Empire. — Pingaud, 2e édition, p. 108.) — Mais ce n’est pas ici le lieu de sonder ces dessous mystérieux.