Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

restauration[1]. Il n’hésita pas. Qu’était-ce pour un homme comme lui, de changer la conclusion de son discours ? Il avait même la satisfaction de n’avoir pas à renoncer au mouvement théâtral qu’il s’était plu à préparer pour son apparition à l’assemblée.

Il fait son entrée au moment où l’Institut national de musique exécute l’hymne du 9 thermidor. Aussitôt après, il s’élance à la tribune et s’écrie :


« J’arrive des rives de l’Océan, joindre un nouveau chant de triomphe aux hymnes qui célèbrent cette grande solennité… Le Comité de salut public nous avait ordonné de vaincre les ennemis de la République qui avaient souillé son territoire. Il est obéi… Courbé trop longtemps sous le faix ignominieux des vaisseaux d’Albion, l’Océan français a vu ses légitimes dominateurs reprendre sur ses bords l’attitude de la victoire. Il a tressailli à l’aspect de ces braves, animés par la vengeance, guidés par l’enthousiasme de la République, poursuivant au sein des flots, qui les ont rejetés sous le glaive de la loi, ce vil ramas des complices, des stipendiés de Pitt, ces exécrables fauteurs de tous les désastres, de tous les forfaits contre lesquels la France lutte depuis cinq ans. Ils ont osé, disions-nous en parlant des émigrés dans

  1. Cette supposition se présente forcément à l’esprit, quand, d’une part, on constate cette intervention décisive de Lanjuinais dans ce 9 thermidor d’un nouveau genre et que, d’autre part, on sait que Tallien était, dès cette époque, compté par le comte de Provence au nombre de ses partisans et qu’on le voit, à la Restauration, non seulement excepté en fait du bannissement prononcé contre les régicides, mais gratifié d’une pension sur la cassette de Louis XVIII.