Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/301

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prits, le maître histrion donne une seconde représentation, un peu modifiée, de la scène mélodramatique qui a été son grand succès au 9 thermidor précédent.

Il tire un poignard, saisi, dit-il, sur un émigré et l’agite en s’écriant :


« Il faut apprendre à toutes les nations qu’un animal, un chien, en ayant été frappé, il a été vérifié que la blessure était empoisonnée[1] »


Puis, comme effet final, par une réminiscence des derniers temps de Rome, il invoque le vœu des légions. Seulement, ces légions, au nom desquelles, la veille, il devait réclamer la clémence, il les fait parler ainsi :


« Représentants, nous disaient ces braves gens, nous ne sommes pas des assassins, nous protégeons le criminel sans défense. Il existe des lois contre les traîtres, nous demandons qu’elles soient exécutées. Nous leur avons promis que justice serait faite par la commission militaire ; elle est actuellement en activité et s’occupe de l’application de la loi. »


Il fut décidé que la loi recevrait son exécution[2].

  1. Peut-on trouver un trait qui peigne mieux l’âme de ces conventionnels, à qui l’on pouvait demander de paraître donner créance à des mensonges de ce calibre ?
  2. Un aussi glorieux succès, un aussi remarquable effort de lâcheté parlementaire méritait bien les honneurs du triomphe. Les applaudissements de la Convention, qui ne lui avaient pas été épargnés, parurent sans doute à Tallien une trop maigre récompense ; il voulut célébrer cette belle journée par un banquet. Lanjuinais tint à honneur d’y figurer au premier rang et d’ouvrir la série des toasts. Et l’on envoya à tous les journaux un compte rendu détaillé de ces agapes vraiment républicaines.