Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/339

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vaient être punis de mort. MM. de Kerantem et Edme Génot, d’autres encore, furent épargnés par les soldats chargés de les fusiller, qui tirèrent en l’air.

Malgré tout, l’œuvre des Commissions s’acheva d’une façon qui fait suffisamment honneur à la vigoureuse surveillance de Blad. Les formalités consistaient uniquement en une série de questions prescrites d’avance, auxquelles seules il était permis de répondre. Une lettre d’un capitaine républicain, M. Cruzel[1], qui avait monté à l’assaut du fort Penthièvre et qui assistait au jugement du comte Joseph de Broglie, contient des détails intéressants sur la manière de procéder des Commissions.


« En vain, — rapporte-t-il, — les prisonniers invoquaient la capitulation hautement avouée par tous les officiers et soldats républicains ; en vain ils invoquaient la foi jurée ; ni le président, ni le rapporteur ne parlaient de la capitulation, soit pour la reconnaître ou pour la nier ; ils se bornaient uniquement à condamner les uns comme émigrés entrés en armes sur le territoire de la République et les autres comme officiers d’insurgés. »


En somme, la justice de la République fut amplement satisfaite. Le nombre des victimes qui lui furent immolées s’éleva à plus de sept cents, d’après les calculs les plus modérés, pour ne compter que les fusillés, sans tenir état de six cents qui succombèrent aux épidémies, dans les prisons et hôpitaux[2].

  1. Cité par Chasle de La Touche, p. 128.
  2. Plusieurs écrivains républicains, qui n’hésitent pas à approuver hautement les rigueurs de la Convention à l’égard des prisonniers de Quiberon, s’évertuent, avec un zèle qui ne