Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/349

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en effet de graves imputations contre Puisaye. Mais on y trouve aussi des commentaires et des allégations de fait si manifestement contraires à la réalité des choses, qu’on ne peut raisonnablement les attribuer à Sombreuil, à moins de supposer chez lui un dérangement complet d’esprit. Tout ce qu’on sait de lui repousse le soupçon d’un mensonge calculé. En eût-il été capable d’ailleurs, on n’en comprendrait pas la tentative auprès d’un témoin des événements, qui avait pu, de son escadre, suivre jusqu’à la fin les diverses péripéties de l’affaire et qui avait auprès de lui un grand nombre de ceux qui y avaient pris part.

Il est vrai que Vauban, qui, dans ses Mémoires, discute longuement cette lettre et démontre très clairement la flagrante injustice des reproches adressés à Puisaye, ainsi que l’inexactitude matérielle des explications relatives aux derniers faits qui ont précédé la reddition, ne paraît pas avoir de soupçons sur la conformité du texte. Mais il ne dit rien non plus d’où on puisse induire s’il a eu communication du texte original pendant qu’il se trouvait sur l’escadre de Warren ou s’il n’a connu que les publications faites en France.

Il est encore vrai, — et cela peut paraître plus important, — que Puisaye, qui, lui aussi, discute point par point toutes les articulations de la lettre de Sombreuil, ne formule aucun reproche de non-conformité entre les reproductions et l’original remis à Warren, dont il est permis de croire que la communication ne lui aurait pas été refusée, soit par le commodore, soit par l’amirauté anglaise. Mais il s’inscrit en faux contre l’original même et accuse Hoche et Tallien de l’avoir fabriqué.