lui dès le mois de janvier 93, qui devait lui donner le titre incontestable d’héritier légitime, lui paraissait si certain et si imminent, que ses inquiétudes diminuèrent. Aussi à ce moment, songeait-il si peu à désapprouver et à entraver l’entreprise de Puisaye qu’il n’hésita pas à lui conférer le titre de lieutenant général et des pouvoirs de commandant en chef pour la Bretagne
Pourquoi, bientôt après, mais enfin plus tard, mit-il tout en œuvre d’abord pour lui faire retirer les secours matériels promis et préparés par l’Angleterre, ensuite pour détourner les royalistes de France de le suivre et de l’assister ? Qu’on donne une raison de ce revirement, si ce ne fut pas parce que l’avis lui était parvenu des efforts tentés en vue d’une évasion qui pouvait le laisser Gros-Jean, c’est-à-dire Régent comme devant, sans espoir de se faire roi.
On peut dire, — et cela est vrai, — que les antécédents de Puisaye étaient de nature à inquiéter le Régent, cantonné dans un programme de reconstitution intégrale de l’ancien régime, et à offusquer les préjugés des courtisans en titre et aspirants-courtisans, pour qui le fait de non-émigration était, plus encore qu’un crime politique, une faute impardonnable contre les règles du savoir-vivre. Mais enfin cette tare n’avait pas été jugée rédhibitoire.
Cadet d’une famille noble de Mortagne-en-Perche, où il était né le 6 mars 1755, Joseph de Puisaye avait été d’abord destiné à l’état ecclésiastique. Du séminaire de Saint-Sulpice, que sa grand’mère, mue par d’honorables scrupules, lui fit quitter, il était entré aux Dragons-Conti, avec le grade de sous-lieutenant