Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

subsister que par l’entière soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil. »

Il semble, du reste, que Hoche ait éprouvé le besoin de formuler une protestation contre les paroles que la nécessité des temps l’obligeait à prononcer ou à écrire ; on dirait même qu’avec une certaine crânerie ironique, il ait pris plaisir à l’afficher, lisible aux yeux perspicaces, dans sa devise : « Res, non verba. » Les faits, point de paroles, traduit un de ses biographes. Cette traduction reste probablement en deçà du sens vrai ; car, pour exprimer cette pensée assez banale, il n’était pas besoin de déformer l’adage consacré : « Acta, non verba. » Toute devise bien frappée comporte un double sens : ici le sens intime, essentiel, doit être : « Aux résultats on me jugera, mes paroles ne comptent point[1]. »

Quels résultats visait-il ?

Une étude sérieuse et sans parti pris conduit à démêler dans l’ensemble de ses actes, au milieu des variations d’attitude commandées par les circonstances,

  1. La composition des devises, comme celle des médailles, est un art très subtil. Dans les médailles, très souvent, le symbole destiné à célébrer un fait, à en fixer la date, accuse une ironie, parfois un démenti. C’est dans un détail peu apparent, un ornement accessoire, un agencement singulier, une déformation voulue, que se cache le signe pour l’indication du sens hermétique. Dans la devise, le calembour joyeux, l’allusion significative ou la pensée profonde, se laissent deviner dans le choix et l’arrangement des mots. Ici le choix du mot : « Res » préféré et substitué au mot : « Acta », semble le signe indicateur. Res n’est pas synonyme de Acta. Acta, ce sont les actes qu’on voit accomplir chaque jour. Res, ce sont les choses, les résultats des actes. Si la déformation de l’adage classique n’est pas intentionnelle, elle est au moins curieuse.