Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/84

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de Humbert avec Bois-Hardy et Cormatin et l’on entendait parler d’allées et venues et d’échanges de messages entre les conventionnels présents à Nantes et les camps royalistes de la Vendée et de l’Anjou.

Pour amener Charette à l’idée de négocier, il avait fallu tout un travail préliminaire, dont la part la plus difficile, l’ouverture, avait été confiée aux mains délicates d’une femme, Mme Gasnier-Chambon[1].

C’était une créole de Saint-Domingue, qui s’était retirée à Nantes avec les débris d’une fortune jadis belle, qui avait été détruite par la révolte des noirs. Jolie, élégante, spirituelle, aimable, charitable aussi, elle s’était fait, sur un théâtre plus modeste, une situation analogue à celle qu’avait eue, vers le même temps, à Bordeaux, la belle de Fontenay et qu’occupait alors à Paris, avec quelque éclat, Joséphine de Beauharnais. Sans rompre ses attaches royalistes et aristocratiques, elle n’avait pas fermé sa porte aux proconsuls de la République, toujours et partout accessibles à des séductions qui flattaient toutes leurs vanités. Grâce à son ascendant sur Prieur (de la Marne), un bon nombre de ses concitoyens lui devaient d’avoir échappé aux noyades : et l’on citait même des grâces obtenues directement du féroce Carrier.

On tira de prison Mlle de Charette ; et l’on sut lui persuader de se joindre à Mme Gasnier-Chambon, pour porter au général vendéen les premières paroles d’avances.

Un personnage dont le caractère et la conduite res-

  1. Voir Lettres d’un bourgeois nantais, Append. n° 5.