Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/88

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cueillis par divers historiens, de la bouche d’anciens officiers vendéens, se trouvent confirmés par une déclaration formelle de Charette, consignée dans un rapport officiel, qui date de cette époque, mais qui n’a été publiée que beaucoup plus récemment. Le baron de Nantiat, chargé d’une mission auprès de Charette par le comte d’Artois et Lord Grenville, rendait compte à ce dernier, le 26 août 1795, d’une conversation qu’il avait eue, le 23 juillet, avec le général vendéen et relatait ainsi ce que Charette lui avait dit :


« Je n’ai point eu de rapports avec d’autres personnes de Paris que les membres de la Convention qui sont venus dans ce pays-ci m’offrir la paix et traiter avec moi. Ce sont Ruelle, Gaudin et les autres ; mais depuis que j’ai vu qu’ils m’avaient trompé et qu’ils ne tenaient pas ce qu’ils m’avaient promis, je n’ai plus voulu avoir de relations avec eux. Il faut, à propos de ces gens-là, que vous sachiez que, quoique je fusse en quelque sorte forcé de faire la paix, puisque je n’avais plus de poudre et que mes soldats manquaient de tout, je ne m’y serais jamais prêté, si Ruelle et Canclaux[1] ne m’avaient assuré qu’ils voulaient rétablir le roi et que je faciliterais ce rétablissement en m’entendant avec eux et en me prêtant à une paix qui fa-

  1. Rien n’est plus vraisemblable que la sincérité de cette intention de la part de Canclaux, qui, tout le monde le sait, était de cœur royaliste et catholique. Mais il avait été l’ami de Favras, et avait juré haine au comte de Provence, ainsi que Champagny le déclarait plus tard à d’Entraigues (voir Pingaud, Un agent secret sous la Révolution et l’Empire, p. 208). Rien donc ne confirme mieux l’assertion que les plans concertés avec Charette étaient hostiles à la royauté de Louis XVIII.