Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/90

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nous » — dit un témoin de cette scène singulière[1].

Un des représentants en mission dans la contrée jugea bien à propos de s’en montrer scandalisé. Ce fut Boursault ; il écrivait, le 27 nivôse (16 janvier) : « Le fait n’est que trop vrai, mes chers collègues, des brigands ont paru dans Nantes, aux spectacles, dans les places publiques, royalement décorés des couleurs de la révolte et du crime… On avait vu des officiers et même des représentants républicains boire avec les Vendéens à la fête des Rois. »

Le même Boursault exprimait des inquiétudes sur la nature des pourparlers entre Humbert et Cormatin.

Il faut croire que ce qui révoltait et alarmait Boursault n’allait pas contre les desseins du Comité de salut public, car aucune révocation ni aucun blâme ne furent lancés contre les auteurs du scandale ; aucun empêchement même ne fut mis aux pourparlers dénoncés comme suspects.

Ce fut Boursault qui fut obligé de modérer son zèle ; on en trouve la preuve dans un fait assez singulier. Dès le 31 décembre, Cormatin avait écrit à Puisaye, sous les yeux mêmes du général Humbert : « Arrivez au plus vite, nous sommes dans la position la plus extraordinaire. Nous avons eu, Charles de Bois-Hardy et moi, une entrevue avec le général Humbert, qui nous a proposé toutes sortes d’avantages pour amener notre reddition. Peut-être touchons-nous au moment où le calme et l’ordre vont renaître ; mais songez que le fardeau est trop pesant pour moi. Une pareille entrevue a eu lieu entre Canclaux et

  1. Ce témoin est M. de La Bouëre.