Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce ne fut même pas en raison de cette lettre saisie, ni sur l’intervention de Boursault, que Cormatin fut exclu des négociations, mais sur les observations de Bureau et de Ruelle, les deux plus actifs artisans du traité. « Ils représentèrent que l’entrevue de Charette et de Cormatin pourrait apporter quelques obstacles aux négociations[1]. »

Il y a plus : Boursault fut également exclu. Le Comité de salut public jugea nécessaire de l’éloigner, sans doute pour laisser le champ libre à ceux de ses collègues dont il avait signalé les agissements. « La défiance de Boursault, — dit Mellinet, — rendait impossible toute pacification, mais il partit pour Rennes, et ses collègues Bollet et Ruelle l’ayant remplacé à Nantes, leur caractère plus conciliant donna quelques espérances à ceux qui demandaient la fin de la guerre (Ier février, 13 pluviôse). »

Hoche, de son côté, était venu à Nantes et Frotté s’y était rendu également. Mais ni l’un ni l’autre ne voulut prendre aucune part à ce qui se traitait ; ils se contentèrent de se tenir au courant ; et ce fut Mme Gasnier qui fut leur intermédiaire commun.

Ceci mérite attention. Ce n’est pas un des faits les moins remarquables de cette histoire, que, sur chacune des rives de la Loire, la divergence de conduite se manifeste dans un sens identique de la part des chefs républicains et royalistes, comme si les uns et

  1. Il est certain que des explications entre Charette et Cormatin auraient pu avoir pour effet d’éclairer Charette sur les motifs qui empêchaient les chefs de la Bretagne de suivre la ligne qu’il suivait pour le salut du jeune roi, si Cormatin eut été lui-même au courant de ces motifs, ce que les Conventionnels pouvaient et devaient croire.