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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/45

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L’HOMME.

jour où la pieuse Mme Racine le chargea de sermonner le petit Lionval, coupable de douze vers français sur la mort d’un chien. Cette fois-là, il prêcha dans le désert : Louis Racine voulut être poète, tout averti qu’il était par Despréaux, qu’« on n’avait jamais vu de grand poète, fils d’un grand poète ».

Cependant les infirmités de Boileau s’aggravaient. La surdité, l’hydropisie, un affaiblissement général l’affligèrent. En 1709, il ne pouvait plus marcher. La littérature prenait un train qui n’était pas pour le réjouir : on arrivait à l’Académie par les femmes, sans avoir écrit une ligne. Les querelles littéraires n’avaient jamais eu d’influence sur son humeur, ni de contre-coup sur sa vie ; l’affaire de Phèdre et les menaces du duc de Nevers n’avaient été qu’un incident vite oublié ; il s’était réconcilié avec Quinault, avec Boursault, avec Perrault, sans effort, et de bon cœur, n’ayant jamais été l’ennemi que des idées, et non des personnes. Mais il eut une affaire qui assombrit et inquiéta ses dernières années. Ce fut avec les jésuites, qui, janséniste ou non, ne lui pardonnaient pas de louer le grand Arnauld et de railler les doctrines chères à la Compagnie. Malgré les précautions qu’il avait prises, le mélange habile des opinions, et l’approbation du père La Chaise, les jésuites prirent l’épître sur l’Amour de Dieu pour un acte d’hostilité. De là, en 1703, un article malveillant du père Buffier dans le Journal de Trévoux, auquel Boileau riposta par des épigrammes plus fortes que spirituelles. Quelques jésuites voués aux belles-