Page:Lanson - Corneille, 1922.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
LE THEÂTRE AVANT CORNEILLE.

exact de ce qu’ils faisaient et de ce qu’il fallait faire à cette date. Ils jetaient des scènes de psychologie, indiquaient des préparations, notaient des jeux et des chocs de caractères : et en même temps, ils retenaient les procédés, les effets, la facture de la tragédie pitoyable et passive. Ils multipliaient les morceaux et les tableaux de pure lamentation, qui ne faisaient plus l’effet que de hors-d’œuvre poétiques ; ils prolongeaient encore leurs dénouements en spectacles terribles ou douloureux, aux dépens de la préparation psychologique qui se trouvait écourtée ou obscure. La Sophonisbe de Mairet était désarticulée, et les deux systèmes opposés se partageaient les cinq actes sans se combiner intimement. En un mot, la tragédie, tiraillée en deux sens, s’arrêtait dans un mélange incohérent et confus. Le Cid fit la lumière ; ce qu’on cherchait à tâtons apparut à tous les yeux.