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CORNEILLE.

ral, Corneille a la préoccupation, le scrupule de la vérité. S’il a su la voir et la rendre, ce n’est pas pour le moment la question. Il a voulu et il a cru y aller : il y a tendu constamment. C’est à la vie qu’il retourne sans cesse pour décider les questions douteuses d’esthétique théâtrale et juger ses propres inventions. Tous ses Examens en font foi. La tragédie admet-elle les longues narrations ? admet-elle l’esprit ? admet-elle les apartés ? admet-elle les sentences ? À toutes ces questions, il répond en examinant ce qui est vrai, ce que la nature recommande ; on peut même trouver qu’il est plus soucieux de vérité que de poésie.

Corneille écrivait à l’abbé de Pure, après lui avoir exposé les sujets de ses trois Discours : « Je crois qu’après cela, il ne reste plus guère de questions d’importance à remuer, et que ce qui reste n’est que la broderie qu’y peuvent ajouter la rhétorique, la morale et la politique ». Le style, les passions, les intérêts, — l’éloquence, la psychologie, l’histoire, — il ne reste plus que cela vraiment. Mais cela, c’est tout Corneille, pour le grand public du moins, qui dans l’imitation théâtrale s’intéresse plus aux effets qu’aux procédés.