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CORNEILLE.

tique est déjà une généralisation des sujets et des caractères ; car les grandes thèses, les grandes controverses, sont de tous les temps : royauté et république, morale et raison d’État, clémence et rigueur, fidélité à un parti ou évolution dans les partis. Et les maximes ni les mœurs ne changent guère aussi : diviser pour régner, au dehors comme au dedans, chercher des alliances et faire des marchés, suivre son intérêt et masquer son intérêt, ne pas prendre ses affections pour des raisons, fuir l’héroïsme qui ruine, mais aussi la bassesse qui diminue, considérer la dignité et le point d’honneur comme des moyens pratiques d’action, traiter des fictions de cour ou de chancellerie comme des réalités vénérables : cela aussi est de tous les temps.

Et l’on ne saurait même dire si tout cela a été fourni par les sujets à Corneille ou mis par Corneille dans les sujets, s’il a en cela étudié le passé ou observé le présent.

Dans ce cadre politique se détacheront les héros, qui dépasseront ou contrediront ces mœurs politiques.