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CHAPITRE VI

LES CARACTÈRES ET LES PASSIONS

La tension, la puissance de la volonté, voilà le point de vue d’où Corneille regarde l’âme humaine. Tout chez lui s’ordonne par rapport à cet objet. Sa tragédie est par là comme éclairée d’un jour d’atelier : les personnages sont inégalement enveloppés de lumière ou baignés d’ombre ; mais le jour vient d’un seul côté. Les caractères se dégradent de la force qui peut tout à la faiblesse qui n’ose rien, de la molle bonté à la malice énergique. Héros des chefs-d’œuvre, mannequins des œuvres séniles, tous ont le même geste et la même parole.

Je suis maître de moi comme de l’univers :
Je le suis, je veux l’être.

(Auguste, dans Cinna.)

… Sur mes passions ma raison souveraine.

(Pauline, dans Polyeucte.)

Je le ferais encor si j’avais à le faire.

(Le Cid et Polyeucte.)

Faites votre devoir et laissez faire aux dieux.

(Le vieil Horace.)