Aller au contenu

Page:Lanson - Histoire de la littérature française, 1920.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
x
avant-propos

Je voudrais donc que cet ouvrage ne fournit pas une dispense de lire les œuvres originales, mais une raison de les lire, qu’il éveillât les curiosités lieu de les éteindre. J’ai voulu tout subordonner à ce dessein.

J’ai profité de tous les travaux qui pouvaient apporter des notions positives sur les écrivains et sur les écrits : faits biographiques ou bibliographiques, sources, emprunts, imitations, chronologie, etc. ; ce sont là des éléments d’informations qui font comprendre plus et mieux. Mais, pour représenter le caractère des écrits et la physionomie de écrivains, je me suis interdit de résumer les jugements des maîtres que j’admire, de Taine et de Sainte-Beuve, comme de M. Gaston Paris et de M. Brunetière : j’ai estimé plus utile, en une matière où il n’y a point de vérité dogmatique ni rationnelle, d’apporter les opinions, les impressions, les formes personnelles de pensée et de sentiment que le contact immédiat et perpétuel des œuvres a déterminées en moi. Ce n’est que par là qu’une étude du genre de celle-ci peut être sincère et vivante ; et l’on ne peut espérer d’intéresser les autres aux choses dont on parle que par le goût qu’on marque soi-même y prendre.

Au reste, je ne me suis point inquiété d’être neuf, ni de faire des découvertes ; et je ne désirerais rien plus vivement, au contraire, que d’avoir en général rencontré les idées que la plupart de mes contemporains auraient à la lecture des mêmes ouvrages.

On verra, en lisant cette histoire, que j’y ai fait une grande place au moyen âge, une grande aussi au xixe siècle. Le xixe siècle littéraire est actuellement fini : il est très vraisemblable que les œuvres considérables de la fin du siècle, s’il s’en produit, seront le commencement d’une nouvelle période de notre littérature. On peut donc essayer de représenter aujourd’hui dans son ensemble l’effort d’un siècle qui n’a point été indigne de ses ainés. L’entreprise est délicate, surtout pour l’époque contemporaine. Cependant j’espère, dans cette partie de mon travail comme dans les autres, n’avoir