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decomposition du moyen âge.

ne fût-ce que dans la forme déjà remaniée du manuscrit d’Oxford. Près d’un siècle s’est écoulé entre rétablissement, de l’imprimerie [1] dans le royaume et le triomphe de la Pléiade : si les derniers héritiers de l’ancienne littérature nationale avaient mis ce temps à profit, ni le xvie siècle, ni le xviie, ni le xviiie n’auraient ignoré le moyen âge. L’ignorance et l’incurie de Boileau et de Voltaire ne sont pas imputables à l’humanisme ; elles n’ont fait que suivre nécessairement l’ignorance et l’incurie moins pardonnables du dernier âge scolastique et féodal.

Il y a plus à dire : dès le xviiie siècle, la Chanson de Roland était condamnée à l’oubli, et les premiers coupables sont le remanieur qui fit et le public qui préféra Roncevaux. Tout le secret du mépris où les meilleures œuvres du moyen âge tombèrent injustement, est là : le moyen âge lui-même ne les a pas respectées.

  1. Aux ouvrages connus et multiples sur les origines de l’imprimerie, ajouter ces récentes publications : l’abbé Requin, l’Imprimerie à Avignon en 1444, Avignon, 1890 ; L. Duhamel, les Origines de l’imprimerie à Avignon, in-12, Avignon, 1890 ; L. Degeorge, l’Imprimerie en Europe aux xve et xvie siècle, in-18, 1891 ; A. de la Bouralière, les Débuts de l’imprimerie à Poitiers, in-8 raisin, Paris, 1893 : Delalain, Notices sur Galiot du Pré, 2 broch. in-8, 1893 ; Marais et Dufresne, Catalogue des Incunables de la Bibl. Mazarine, gr. in-8, 1893. Claudin, Histoire de l’imprimerie, Imprimerie Nationale, t. I, II et III, in-fol.