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LIVRE II

LES FORMES D’ART

CHAPITRE I

LA POÉSIE

1. Réveil de la querelle des anciens et des modernes : La Motte-Houdar et ses idées. Éloignement de l’antiquité. Absence de l’idée et du sentiment de l’art. — 2. Faiblesse de la poésie au xviiie siècle : littérature morte. Rhétorique, ou esprit.

Le fait général le plus sensible dans la première moitié du xviiie siècle, c’est la décadence des genres d’art. Ils ne vivent que d’une vie factice, soutenus par la mode et par l’éducation, réduits à l’application mécanique de règles devenues arbitraires, parce qu’on n’en comprend plus le sens artistique.

1. LES IDÉES DE LA MOTTE-HOUDAR.

Et d’abord la poésie a disparu. La querelle des anciens et des modernes s’est réveillée : c’est le premier épisode de la vie littéraire du xviiie siècle. Un homme d’esprit, Houdar de la Motte[1],

  1. Antoine Houdar de la Motte, né à Paris en 1672, composa des opéras, des tragédies et des comédies ; Inès de Castro eut un grand succès en 1723. Il publia ses Odes en 1707, ses Fables en 1719 ; en 1714, son Iliade, qu’il soutint dans ses Réflexions sur la critique (1716). Il mourut en 1731. Il était très lié avec Fontenelle et Mme de Lambert, très goûté de la duchesse du Maine. — Éditions : Œuvres, 10 vol. en en 11 tomes, in-12, 1754, Paris ; Paradoxes littéraires de La Motte, éd. Jullien, Hachette, in-8, 1859 (réimpression des discours et préfaces critiques de La Motte). — À consulter : P. Dupont. Houdar de La Motte, 1898.