CHAPITRE II
LE MOUVEMENT ROMANTIQUE
Dans l’histoire de l’art littéraire au xixe siècle, deux faits généraux dominent : vers 1830, la littérature est romantique, vers 1860 elle est naturaliste ; deux grands courants semblent l’emporter successivement en sens contraire.
Qu’est-ce que le romantisme[1] ? À cette question difficile, on peut répondre, en regardant le trait apparent et commun des œuvres romantiques : le romantisme est une littérature où domine le lyrisme. Mais alors, qu’est-ce que le lyrisme ?
Le lyrisme est d’abord l’expansion de l’individualisme : or par où sommes-nous facilement et constamment individuels ? non pas sans doute par les idées de notre intelligence, bien plutôt par les phénomènes de notre sensibilité. Ces phénomènes sont de deux sortes : des sentiments d’amour et d’espérance, de haine et de désespérance, d’enthousiasme et de mélancolie ; ou bien des sensations. Parmi nos sensations, les unes sont représentatives de l’univers, et sont les matériaux avec lesquels nous construisons le monde
- ↑ À consulter : Pellissier, le Mouvement littéraire au xixe siècle, in-16 ; Brunetière, l’Évolution de la poésie lyrique au xixe siècle, leçons I et II ; Th. Gautier, Histoire du romantisme ; Asselineau, Bibliographie romantique, 3e éd. 1873, in-8 ; David-Sauvageot, le Réalisme et le naturalisme dans la litt. et dans l’art, 1889, in-18.