Page:Lanson - Manuel bibliographique de la littérature française moderne, t4, 1925.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
PRÉFACE

de la littérature française depuis 1789. Tourneux, Lorenz, Vicaire fourniront ce qu’on ne trouvera pas chez moi.

Je n’ai pas non plus prétendu faire concurrence au Guide bibliographique de M. Hugo-P. Thieme, ni le remplacer. Nous avons travaillé sur des plans différents. Il a admis beaucoup d’auteurs que j’ai exclus ; et j’en ai reçu quelques-uns qu’il a omis.

Il m’a fallu modifier et resserrer mon plan pour la seconde moitié du xixe siècle ; autrement ce fascicule eût ressemblé à un Catalogue de la librairie contemporaine. Je n’ai plus donné, en principe, que la bibliographie générale des mouvements et des écoles. J’y ai joint les bibliographies particulières de quelques grands morts, et d’un très petit nombre d’écrivains vivants dont l’œuvre s’est imposée à moi par l’intérêt historique. Je m’étais fait d’abord une loi de n’admettre aucun vivant : je fuyais les risques d’un choix délicat. Puis j’ai senti qu’à maintenir rigoureusement cette règle, je défigurais le tableau de notre développement littéraire. Il y a des écrivains qui sont encore parmi nous et qui sont déjà entrés dans l’histoire : leur œuvre est faite. Tel mort, de plus, n’est intelligible que par tel vivant. Le hasard de la longévité ne peut fournir le principe d’un discernement raisonnable. La peur des responsabilités n’est pas une vertu en bibliographie, non plus qu’ailleurs. J’ai donc reçu dans ce fascicule quelques auteurs vivants.

Ce n’est pas que je n’aie cité beaucoup d’ouvrages d’autres auteurs vivants : mais ils figurent, ainsi que dans les précédents fascicules, à titre documentaire, comme instruments d’étude.

Les dix-huit ou vingt contemporains auxquels j’ai consacré des notices particulières, m’ont semblé se désigner à moi, tantôt parce qu’ils sont les survivants d’époques déjà lointaines et que leur art procède de théories actuellement périmées ; tantôt parce que leur œuvre, quoiqu’ils puissent y ajouter encore des beautés imprévues, a dès maintenant une richesse et une plénitude qui la feraient paraître achevée s’ils disparaissaient demain. L’admiration universelle des lecteurs, l’affluence et le zèle ou la valeur des disciples m’ont imposé certains noms : pour quelques-uns, je l’avoue, j’ai suivi d’abord une prédilection personnelle.

On pourra s’étonner de la place où j’ai mis M. Bergson. J’ai obéi dans ce détail de structure à un sentiment de discrétion. Il serait hardi de décider que M. Bergson compte plus dans le mouvement philosophique contemporain que M. Boutroux, M. Th. Ribot, ou M. Durkheim. Mais c’est un fait, qu’en dehors du monde spécial des philosophes, les ouvrages de M. Bergson ont eu une répercussion considérable sur les idées et la sensibilité du temps présent : l’historien des mouvements intellectuels, sociaux, littérai-