Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/125

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E : Pourquoi le saint homme renonce-t-il à ces trois choses lorsqu’il gouverne ? C’est parce qu’elles sont le contraire de la réalité (ici réalité veut dire la possession réelle de ces qualités). La réalité est le principal, l’apparence (c’est-à-dire l’apparence extérieure de ces qualités) n’est que l’accessoire. Celui qui s’applique à (montrer) l’apparence (d’une qualité) en perd la réalité ; celui qui court après l’accessoire perd le principal. Quiconque estime le principal et la sincérité a une vertu solide qui peut subsister longtemps. L’arbre qui ne donne que des fleurs et ne produit pas de fruits n’offre qu’un avantage faible et passager ; il est presque inutile. Tout ce qu’on vient de dire montre clairement que les apparences ne suffisent pas (Pi-ching) pour bien gouverner l’empire.


(4) E : Le mot sou veut dire « simple, sans ornements. » Le mot po signifie « bois qui n’est pas encore dégrossi, travaillé. « Ces deux mots sont employés ici au figuré. Hien-sou 見素, « montrer au dehors la réalité (de sa vertu), ne pas y ajouter d’ornements (c’est-à-dire la faire paraître dans toute sa simplicité) ; » pao-po 抱樸 conserver intérieurement sa pureté (la pureté de sa « vertu), ne pas permettre qu’elle se dissipe au dehors. »


(5) Suivant la plupart des commentateurs, ces deux membres de phrase sont, comme les deux suivants, dans la dépendance du mot tcho . « s’attacher à. » Mais l’interprète Pi-ching regarde les deux dernières idées comme la conséquence des deux précédentes : s’ils laissent voir leur simplicité, s’ils conservent leur pureté, alors ils auront peu d’intérêts privés et peu de désirs.

Le commentateur E rapporte le mot sse , « intérêts privés, » aux calculs de l’ambition ou de la cupidité, et le mot yo désirs » aux appétits sensuels.