Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


海,飂兮若無止,衆人皆有以,而我獨頑似鄙。我獨異於人,而貴食母。


Renoncez à l’étude, et vous serez exempt de chagrins (1).

Combien est petite la différence (2) de weï (un oui bref) et de o (un oui lent) !

Combien est grande la différence du bien et du mal !

Ce que les hommes craignent, on ne peut s’empêcher de le craindre (3).

Ils s’abandonnent au désordre et ne s’arrêtent jamais (4).

Les hommes de la multitude sont exaltés de joie (5) comme celui qui se repaît de mets succulents (6), comme celui qui est monté, au printemps, sur une tour élevée.

Moi seul je suis calme : (mes affections) n’ont pas encore germé (7).

Je ressemble à un nouveau-né qui n’a pas encore souri à sa mère (8).

Je suis détaché de tout (9) ; on dirait que je ne sais où aller.

Les hommes de la multitude ont du superflu (10) ; moi seul je suis comme un homme qui a perdu tout.

Je suis un homme d’un esprit borné, je suis dépourvu de connaissances (11).

Les hommes du monde sont remplis de lumières ; moi seul je suis comme plongé dans les ténèbres.