Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/21

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le font arriver à huit cents lis à l’ouest de Khotan placent la scène de ses travaux, de sa prédication et de son exaltation, non loin de Badakchan et de Balk, dans les parties les plus orientales de la Bactriane. Le terme de son voyage eût été plus éloigné encore, s’il fut venu visiter le pays où s’étendit depuis l’empire romain, et convertir, comme le disent les mythologues chinois, les diverses nations de ces contrées. Tout cela n’est embarrassant que parce que le commerce que Lao-tseu dut avoir avec les philosophes de l’Occident, aurait été postérieur y dans ces différentes hypothèses, à la composition de son livre[1]. Il n’y a pas d’invraisemblance à supposer qu’un philosophe chinois ait voyagé, dès le vie siècle avant notre ère, dans la Perse et dans la Syrie. »

Il m’a paru important de rechercher l’origine de ces traditions. J’ai compulsé depuis un an les différentes encyclopédies littéraires et philosophiques des Chinois, le recueil des vingt-quatre historiens officiels de l’empire, et tous les mémoires et documents originaux sur la doctrine de Lao-tseu, que possède la Bibliothèque royale, et j’ai reconnu de la manière la plus incontestable que toutes les traditions sur ces voyages de notre philosophe à l’occident de la Chine n’ont d’autre point de départ et d’autre source que la légende fabuleuse[2] de Lao-tseu, composée par Ko-hong (autrement appelé Pao-pou-tseu) presque dix siècles après ce philosophe (vers l’an 350 de notre ère), légende qu’il a mise en tête de son Histoire mythologique des dieux et des immortels. Cette considération m’a engagé à la traduire et à la donner en entier à la suite de la Notice historique.

  1. Cette grave considération a sans doute été d’un très-grand poids dans l’esprit des critiques chinois qui ont démenti ces voyages de Lao-tseu dans l’Occident, et des historiens officiels de l’empire qui ne se sont pas crus autorisés à les rapporter. (Cf. Chin-i-tien, liv. LVIII, section Eul-chi-pou-tsa-lo. fol. 1, 2 dans la collection Kou-kin-thou-chou de la Bibliothèque royale.)
  2. Nous la donnerons plus bas, pag. xxiii-xxxii.