Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/282

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C’est pourquoi, si un grand royaume (3) s’abaisse devant les petits royaumes, il gagnera les petits royaumes.

Si les petits royaumes s’abaissent (4) devant un grand royaume, ils gagneront le grand royaume.

C’est pourquoi les uns s’abaissent (5) pour recevoir, les autres s’abaissent pour être reçus.

Ce que désire uniquement un grand royaume, c’est de réunir et de gouverner (6) les autres hommes.

Ce que désire uniquement un petit royaume (7), c’est d’être admis à servir les autres hommes.

Alors tous deux obtiennent ce qu’ils désiraient.

Mais les grands doivent s’abaisser !


NOTES.


(1) E : L’expression hia-lieou 下流, « ce qui coule en bas, » désigne les fleuves et les mers. La voie, c’est-à-dire la conduite d’un grand royaume peut être comparée aux fleuves et aux mers et omnibus mundi fœminis. Or les fleuves et les mers se tiennent (littéral. « résident ») au-dessous du niveau de toutes les eaux ; et, parce qu’ils occupent une situation basse et inférieure, les eaux de tout l’empire (ou de tout l’univers) vont se rendre dans leur sein.

Liu-kie-fou donne un autre sens aux mots 下流 ; il les explique par « état d’abaissement, » littéral. « courant inférieur. » Si un grand royaume peut véritablement se tenir dans le courant inférieur, c’est-à-dire s’abaisser, s’humilier, pour amener l’empire à se joindre et à se soumettre à lui.... C’est aussi le sens de Li-si-tchaï : Si un grand royaume peut s’abaisser pour attirer à lui les êtres, ils ne pourront s’empêcher de venir se joindre et se soumettre à lui.

B : Celui qui gouverne un grand royaume doit ressembler aux fleuves et aux mers qui, coulant en bas, reçoivent dans leur sein